Par un contributeur et praticien d’Abcommunication, une mise à jour des connaissance en Bande Dessinée congolaise voit le jour sous forme de mémoire académique. « Bande Dessinée comme support d’éducation et de sensibilisation. Cas des caricatures de Djemba Djeiss dans le Journal Télé en Lingala Facile. » est le titre de ce mémoire qu’on peut obtenir en cliquant ici. Ce pavé brosse un tableau appuyé sur la problématique de la Bande Dessinée. Sur des déclinaisons africaines, ainsi que sur son pendant congolais. Et surtout sur la récupération qui est fait du 9è art pour véhiculer tant des idéologies, des campagnes sociales des démarches pédagogiques tout simplement. Ci-dessous, quelques passages-extraits.
De la bande dessinée. De nos jours presque tout le monde vit ou connaît les vertus d’une jeep. Mais, ce que tous semblent ignorer, c’est que le vocable « jeep » vient du personnage « Eugène The Jeep », d’une bande dessinée américaine les Popeye ![1] En version congolaise, on sait combien « Ya Mado », personnage de la BD « Koko Ntiri-Ntiri » est tour à tour devenu une marque de boubou, aussi bien qu’une danse populaire de la variété musicale congolaise avec l’artiste Fabregas[2]. C’est dire combien la bande dessinée a le pouvoir[3] d’impacter des générations et l’imaginaire collectif. Pour clore les analogies nous citerons 1944, lors du débarquement des Alliés en Normandie, l’un des mots de passe utilisés par les américains est « Mickey Mouse[4] » ! Et dire que d’analogues anecdotes et impacts de vie sont légions.
Certes, la bande dessinée est un art-média plein de promesse et de potentialités, mais le grand challenge, de nos jours est de comment parler BD à un natif des années post 2000 (le gros de la majorité de la population mondiale et de la population congolaise). Eux qui n’ont pas vécu l’époque d’Apollosa, Jeunes pour Jeunes, Boyau et Tonton Skol, Kouakou, ni la vague des revues populaires de BD Djo F et consorts. etc. Mais il se fait que tous ceux qui ont l’âge de la raison aujourd’hui en RDC, surtout à Kinshasa et dans les grandes agglomérations nationales ont été, malgré eux, traversé d’une façon ou d’une autre par la vague Lingala Facile. Et ils ont connu par devers eux l’atypique BD « Koko Ntiri-Ntiri ». Bande dessinée atypique, puisque la BD « Koko Ntiri-Ntiri » est diffusée principalement par la télé ! Dans un programme d’une criante vulgarité, mais adulé par la majorité de la population. On ne peut pas chercher mieux pour charrier les grands messages. L’adhésion massive de la population au JTLF transforme ce dernier en grand générateur de lien social. Et, cette dernière fonction, est aussi éminemment reconnue à la bande dessinée, même Hilaire Mbiye y voit une justification de création des communautés artistiques en même temps qu’elle y est un média au service de la société. La bande dessinée « un médium pour toutes les couches de la population, y compris pour celles qui n’ont pas la culture de la lecture ou qui n’ont pas la télé. C’est ainsi que dès ses origines en Afrique, situées au début des années 1950, la BD était utilisée par les missionnaires comme média éducatif, comme moyen pour édifier, éveiller les vocations et évangéliser. En tant que média éducatif, elle a une portée pédagogique et elle utilise la vertu persuasive pour sensibiliser et vulgariser. Ceci justifie le développement de la bande dessinée éducative ces dernières années en Afrique. »[5]
Dans un pays aussi bouillant que la République Démocratique du Congo, la conjugaison de toutes les expressions médiatiques, artistiques et culturelles semble un impératif pour soutenir le vivre ensemble et le mieux-vivre. C’est dans cette optique que la pertinence de la bande dessinée, le neuvième art[6], qui est en instance de célébration de son centenaire[7] dans ce pays-continent nous convie à l’affirmation de sa maturité, et ce, malgré l’expansion mitigée car exposé aux multiples défis. Par la diversité des éditoriaux et des talents individuels la bande dessinée s’impose de plus en plus comme un autre support de choix dans le cadre de la communication pour le changement de comportement qu’il faut savoir capitaliser pour un essor indéniable de la société. Porter une humanité d’un point « a » vers un point « b » sans trop s’en prévaloir, c’est participer de façon pérenne à une autre mission « civilisatrice » qui, elle, n’aura pas de fin.
[1] J-B. RENARD, Clés pour la bande dessinée, Paris, éditions Seghers, 1978, P.189
[2] Fabrice Mbuyulu, alias Fabregas est un artiste musicien, auteur-compositeur congolais né en 1987, en carrière solo depuis 2012 et actuellement patron de l’orchestre « Villa Nova ». En 2014 il sort le tube « Mascara », avec la danse phare « Ya Mado », et le morceau est visionné plus de 11 millions de fois au 1 mars 2018 sur Youtube, https://www.youtube.com/watch?v=6PndU_FAtYY, consulté le 29.11.2023
[3] E. Dacheux, sur le pouvoir de la BD sur Rfi, émission 7 milliards de voisins du 02 juillet 2014, 9’34’’, accessible en podcast : https://www.rfi.fr/fr/emission/20140702-bande-dessinee-vie-quoidienne, consulté le 14 novembre 2023 à 13h45
[4] Personnage de bande dessinée et dessin animé du dessinateur, producteur et réalisateur américain Walt Disney
[5] H.MBIYE, » La bande dessinée et le lien social en Afrique » in revue HERMES, n°54, 2009, P.190, aussi disponible via https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2009-2-page-189.htm, consulté le 27 novembre 2023 à 14h
[6] Certains historiens de l’art proposent ce classement chronologique des disciplines artistiques : 1.l’Architecture, 2. la Sculpture, 3. la Peinture, 4. la Musique, 5. la littérature, 6. le Théâtre, 7. le Cinéma, 8. la Télédiffusion, 9. la bande dessinée et 10. le Numérique.
[7] C.CASSIAU-HAURIE, Histoire de la bande dessinée congolaise, L’Harmattan, 2010, Paris, P.15